La Crypte Mérovingienne
Les cryptes de Jouarre sont remarquables par leur état de conservation exceptionnel. N’ayant subi pratiquement aucune restauration, elles ont néanmoins connu quelques modifications au fil des siècles.
Jusqu’au XIe siècle, un plafond en bois reposait sur les chapiteaux des deux cryptes.Au XVIIe siècle, une transformation importante a lieu :
- Les tombeaux sont vidés, et les restes des corps sont placés dans des châsses.
- Des ouvertures sont percées afin d’apporter un peu de lumière et de ne plus laisser les cryptes dans l’obscurité totale.

Les Cryptes de Jouarre : Trésors de l’Art Mérovingien
Les cryptes de l’abbaye de Jouarre sont parmi les plus remarquables vestiges de l’époque mérovingienne en France. Elles renferment les tombeaux de la famille fondatrice de l’abbaye et présentent un exceptionnel témoignage de l’art sculptural et architectural du Haut Moyen Âge.
La Crypte Saint-Paul
Les chapiteaux du VIIe siècle sont sculptés dans du marbre des Pyrénées, tandis que les fûts des colonnes proviennent du réemploi de villas gallo-romaines du IVe siècle.
Le mur occidental est un exemple unique de mur « réticulé », où les pierres forment un motif en filet, aussi bien par leur disposition que par leur taille.
Les tombeaux mérovingiens conservés dans la crypte sont d’une grande richesse artistique et historique :
-
- Le sarcophage de Saint Agilbert : Ancien évêque de Dorchester puis de Paris, il fonda la première communauté monastique masculine de l’abbaye. Son sarcophage est orné d’un magnifique bas-relief, représentant le Christ tétramorphe, entouré des quatre évangélistes dans une mandorle.
- Le tombeau de Saint Adon.
- Les tombeaux de Sainte Osanne, Sainte Balde, Sainte Mode et Sainte Telchilde.
- Le tombeau de Sainte Aguilberte : Il se distingue par des parements coptes sur le dessus et des svastikas, motifs que l’on retrouve dans les temples hindous.
La Crypte Sainte-Ebrégésile
Datant du VIIIe siècle, elle est plus récente que la crypte Saint-Paul, mais son aspect plus ancien s’explique par l’usage de colonnes en calcaire.
À l’extérieur de la crypte, on peut observer les vestiges de la basilique funéraire, détruite lors de la Guerre de Cent Ans. L’accumulation des strates de sol au fil des siècles explique pourquoi il faut descendre une douzaine de marches pour accéder aux cryptes.

L’Église Saint-Pierre Saint-Paul
L’église paroissiale de Jouarre est un véritable trésor architectural et artistique, abritant des œuvres d’une grande valeur historique et spirituelle.
Parmi ses richesses, on trouve un Christ en croix du XVe siècle, une Piéta du même siècle, ainsi qu’une remarquable représentation du Christ au tombeau datant du XVIe siècle. Les vitraux du XVIIe siècle viennent illuminer l’édifice, mettant en valeur de nombreuses statuettes et sculptures en pierre, dont la finesse témoigne d’une maîtrise exceptionnelle de l’art religieux.
Dans la nef, de très belles châsses contenant des reliques occupent une place centrale. Chaque année, elles sont sorties lors de la procession de la Pentecôte, perpétuant ainsi une tradition séculaire.

L’Abbaye Notre-Dame de Jouarre
Fondée au VIIe siècle, l’abbaye bénédictine Notre-Dame de Jouarre est un site emblématique de l’histoire religieuse et patrimoniale de la région. Détruite en 1792 lors de la Révolution, elle fut reconstruite en 1837, intégrant des vestiges du XIIe siècle, dont le remarquable clocher-porche de la tour.
Aujourd’hui, l’abbaye demeure un lieu de spiritualité et d’histoire, offrant aux visiteurs un aperçu de son riche passé à travers son architecture et son héritage monastique.
La Tour Romane
Située au cœur de Jouarre, la Tour Romane de l’Abbaye est l’un des monuments les plus emblématiques de la ville, témoignant de plusieurs siècles d’histoire.
Édifiée à la fin du Moyen Âge sur des ruines carolingiennes, elle servait de clocher à l’église abbatiale. Lors de la guerre de Cent Ans, elle fut incendiée par les partisans anglais, ne laissant que des pans de murs calcinés. Aujourd’hui encore, certaines pierres portent la marque de cet incendie.
À la fin du XVe siècle, une flèche fut ajoutée à son sommet et surmontée d’une boule métallique contenant des reliques, censées protéger l’édifice des calamités. Au XVIe siècle, sous l’impulsion des abbesses Madeleine d’Orléans et Jeanne de Lorraine, la tour fut restaurée. Les armoiries de Madeleine d’Orléans, demi-sœur du roi François Ier, sont encore visibles aux clefs de voûte du deuxième étage.
Transformée en habitation et annexée d’une forge à la Révolution, la tour fut en partie démolie au XIXe siècle, perdant un étage et sa flèche pour éviter un effondrement. Son architecture massive actuelle en est le résultat.
Lors de la bataille de la Marne en 1914, elle servit de poste d’observation et de réglage d’artillerie avant d’être bombardée. Elle subit de nouveaux dommages en 1949 et fut frappée par la foudre en 1951. Grâce à l’intervention de l’association « Les Amis de l’Abbaye », ses vestiges ont été préservés.
Aujourd’hui, la Tour Romane reste un lieu incontournable pour découvrir l’histoire de Jouarre et profiter d’un panorama unique sur la vallée.


Le Manoir de Nolongue
Le manoir-ferme de Nolongue, construit vraisemblablement dans la première moitié du XIVe siècle, est l’un des rares édifices de la région à avoir traversé la guerre de Cent Ans sans être détruit. Son ancien logis, toujours visible sur la façade méridionale, témoigne de cette résilience architecturale.
À l’origine, ce manoir était une construction fortifiée, entourée de douves et accessible par un pont-levis. Un manuscrit de 1544 en donne une description détaillée, permettant d’imaginer l’état du domaine à cette époque.
Le site est aussi indissociable de la mémoire de Jehan de Brie, un jeune gardien de troupeaux en 1357, devenu l’auteur du célèbre traité de bergerie Le Bon Berger. Son ouvrage lui permit d’accéder à la cour du roi Charles V, qui le nomma secrétaire particulier.
Le Domaine de Perreuse
Le Domaine de Perreuse, situé à proximité du château du même nom – aujourd’hui transformé en hôpital – offre un cadre boisé et reposant, propice à la promenade et à la contemplation.
Son étang, creusé il y a plus de 1000 ans par les moines bénédictins, constitue un site naturel remarquable. Des sentiers aménagés permettent d’en faire le tour et de profiter pleinement de la quiétude du paysage.
Pour les amateurs de marche, la balade peut se poursuivre jusqu’à l’extrémité du parc du château, menant au cimetière militaire franco-anglais, un lieu de mémoire marqué par les combats de la bataille de la Marne.
Entre nature préservée et patrimoine historique, le Domaine de Perreuse est un site incontournable pour ceux qui souhaitent allier découverte et sérénité.